lundi 2 avril 2012

Sigh : Imaginary Sonicscape






Alors là, je m'attaque à une grande histoire d'amour personnelle...
La trilogie de Sigh, mythique à mon sens, à savoir "Hail Horror Hail", "Scenario IV : Dead Dreams" et ce "Imaginary Sonicscape" fait figure d'un truc qui me fait peur.
Pourquoi ? En fait, j'ai vachement peur de chroniquer ces trois albums, comme j'ai peur de chroniquer d'autres albums super-cultes pour moi, parce que j'ai absolument pas envie de dire un mot de travers, sous peine de flagellation intensive jusqu'à la fin de ma vie.

En plus, je me lance, mais je suis vraiment une grosse tâche, parce que j'ai choisi, le plus bizarre/complexe des trois...

Sigh a, sur cet opus, définitivement divorcé avec le Black Metal de ses débuts, et il se dirige vers un Heavy Black Progressif nettement moins agressif.

Premièrement, on remarquera la pochette, qui décape méchamment la rétine, comme un pur reflet du rock progressif et du jazz-rock des années soixante-dix/quatre vingt, et ce dix ans avant que les mecs d'Opeth reprennent la thématique, avec leur "Heritage".

Alors, on nous le rabâche à longueur de temps dans les chroniques, oui, les mecs de Sigh sont cintrés. Totalement. Enfin eux, je ne pense pas, mais on va dire qu'ils n'ont pas peur d'envoyer la sauce pour que leur musique paraisse folle et déjantée.

On remarque Mirai, pour qui chaque instrument est une source d'inspiration, et encore source, le mot est faible, c'est carrément les chutes du Niagara dans son cas. En témoigne "Impromptu (Allegro Maestoso)", témoignage de l'excellence de l'homme à créer de magnifiques ambiances, avec juste un piano classique.
On notera aussi le guitariste, avec un passé chez Abigail, ce qui explique le feeling heavy qui coule dans ses veines, et le bougre sort des riffs digne du meilleur heavy. Je pense à "Scarlet Dream" avec son riffing imbattable.

En écoutant Sigh, on se demande quand même comment ces gars font pour sortir des parties aussi étranges que le break de la déjà-citée "Scarlet Dream" (excellent titre, au passage), voir même l'intégralité de cette chose qu'est le morceau "A sunset song", qui comme son titre l'indique, sent bon le soleil, la Californie et la Cadillac décapotable...
Incroyable, tout simplement, surtout à la première écoute, et avec ce break, aux cuivres périmés depuis les années quatre vingt, et à la boîte à rythmes kitschissime.

Émotionnellement, il suffit de se laisser guider, l'architecture de l'album fait le travail et vous avez juste à embarquer dans le vol a destination de Sigh-land, pays riche en sensations que lui seul peut donner, et qu'on peut difficilement expliquer, puisqu’elles se vivent.

Des influences aussi diverses que variées, un attrait pour le kitsch, et un fond résolument Métal. Voilà la recette des japonais.
On remarquera que cet opus est sorti chez Century Media, ce qui apporte une différence considérable avec ses deux prédécesseurs. Si "Hail Horror Hail" et "Scenario IV" sonnait résolument de la même manière, ici la production est nettement plus puissante et fine. On reprochera cette boîte à rythme un peu téléphonée, mais finalement assez charmante à la longue.

On citera aussi des effets du meilleur acabit, incluant synthétiseurs bizarroïdes, parfois orientaux comme sur "Dreamsphere (Return to Chaos)", et des chœurs, arabisants sur le même titre, et parfois des cris d'horreur.
Sigh excelle, car il ne créer pas l'ambiance comme le font les autres, chaque album de Sigh se vit intensément, comme un film, une progression, calibrée, malgré sa folie ambiante, au millimètre près.

Un côté unique donc, qui fait forcément la force de ce groupe de caractère (ouais, ça fait un peu "fromager" comme description...). Sigh plaît, ou déplaît, forcément, il n'y a pas de juste milieu.

"Imaginary Sonicscape" est-il pour autant le meilleur opus du groupe ? Franchement, je n'en sais rien, la trilogie est tellement immense que c'est difficile de sacrifier les autres opus. Mais celui-ci est certainement le plus osé des trois.

Un monument ? Oui, le dernier en date de Sigh (enfin, on sait pas, peut-être avec "In Somniphobia" que j'attends avec impatience...), et assurément un album à découvrir si ce n'est déjà fait.

19/20



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire