jeudi 29 mars 2012

Blut Aus Nord : 777 - The Desanctification






Alors là, je m'attaque à un monument personnel, puisque c'est un des groupes de Black auquel je voue un des plus grands culte. Autant dire tout de suite que si vous voulez de l'objectivité, vous avez qu'à aller voir ailleurs, car là, je vais faire parler le fan inconditionnel qui est en moi.

Voilà, ça devait être il y a environ trois/quatre ans. A cette époque, j'étais nettement plus attiré d'habitude par des musiques comme le rap, et même si je connaissais et écoutais déjà certains classiques du Black Metal (du genre Mayhem, Taake, Shining...), je ne m'y intéressais finalement que peu, préférant les autres styles de métal que sont le Grind, le Death ou le Hardcore.

Je ne sais pas vraiment, comment j'ai trouvé le nom de Blut Aus Nord, sûrement en farfouillant sur la toile, mais toujours est-il que j'ai téléchargé (Pas bien, mais ne vous inquiétez pas, je l'ai acheté depuis) cet opus "The Work Which Transforms God",  et là, j'ai pris ma baffe, un des seuls disques qui pour moi mérite un copieux 19/20. Blut Aus Nord ne tutoie pas la perfection avec cet opus, il lui serre la pince et lui met une tape dans le dos comme si ces deux là étaient des potes de toujours.

S'en suivit donc, une grande et longue péripétie à travers la grande et variée discographie des résidents de Caen.
BaN change à chaque opus, c'est un fait. Jamais le groupe n'aura servi deux fois le même disque, passant des aspects Pagans ("Memoria Vetusta"), au vicieux "Mystical beast...", au fou et tordu "MoRT" jusqu'à cet étrange, plus planant et ambiant deuxième volet de la trilogie 777, entamée avec l'opus "777 - Sect(s)".

Déjà si la pochette de "Sect(s) était très jolie, empreinte d'un mysticisme puissant, celle de "The Desanctification" arrache tout. Comme dirait ma copine : "Elle cartonne". Et pour que ma copine, généralement réfractaire à ce que j'écoute par pur esprit de contradiction, dise ça, c'est vous dire si les normands ont "cartonnés". 

Une fois la galette insérée dans le mange-disque (Qui dit encore "mange-disque" en 2012 ? Bah moi, pardi !), "Epitome 7" reprend parfaitement là ou c'était arrêté le volume précédent. Quoi de plus normal pour assurer la continuité d'une trilogie.

Puis les titres s'enchaînent, et le groupe prend un malin plaisir à nous faire dériver dans leur monde.
Imaginez-vous une brèche s'ouvrant dans le sol, sous vos pieds, et vous aspirant dans une chute sans fin, sauf qu'au lieu de tomber verticalement, vous vous mettiez à tournoyer dans les airs.
C'est exactement cet effet que me fait ce nouveau Blut Aus Nord.
A tel point que j'en ai loupé mon arrêt de tram, alors que j'écoutais le disque au casque, et pas qu'une fois, en plus (Bon ok, il y a du y avoir une fois ou deux, ou j'étais dans un état, plutôt... second).

Ceci dit, comme l'a dit très justement Vindsval, si "Sect(s)" était assez malsain et distordu, "The Desanctification" se révèle plus imposant, et plus émotionnel, et donc immensément plus dangereux. L'addiction à ce disque est imparable, une fois reçu, vous l'écouterez, tout le temps, toujours, et pendant longtemps.

Alors, toutefois, on ne peut plus vraiment dire que Blut Aus Nord, fait encore du Black Metal. Ici, tout est un cocktail d'influences mystiques, occultes, Black, planantes, industrielles, plombantes, obscures, ambiantes, fantomatiques, parfois rythmiquement à la limite d'un hip-hop gras et lourd.
Je citerais les "Epitomes 8, 9, 10 et 11" comme cœur de cet album. Le premier pour son départ déstructuré, et son finnish extrêmement prenant, le deuxième pour son ambiance originale, le troisième pour cette mélodie incroyable et ses chœurs qui me glacent le sang et le dernier pour son aspect martial/rythmique/indus assez impressionnant.

"777 : The Desanctification" est un grand album de Blut Aus Nord, malgré les critiques qui prétendent le contraire, doté d'une puissance magique, émotionnelle, marquante dès le départe, et qui ne perd rien de sa puissance après des écoutes par centaine.
Cet opus entre de plein pied dans mon top 5 des albums du groupe, sans aucune hésitation.
J'attends donc vraiment impatiemment le dernier volet de cette trilogie, "777 - Cosmosophy", annoncé pour la fin 2012.




18/20










mercredi 28 mars 2012

You Love Her Coz She's Dead : You Love Her Coz She's Dead



Bah, après tout, vous savez ce que c'est, la vie en couple.
Parfois, ça arrive que ce qu'écoute votre conjoint(e) vous casse royalement les couilles, et parfois, c'est l'inverse, vous vous dites que votre conjoint(e) à quand même rudement bon goût.

C'est dans ce deuxième cas que j'ai connu ce petit groupe anglais, d'électronique, tant chéri par ma chère et tendre.
You Love Her Coz She's Dead, qu'on va abrégé en YLHCSD, ce qui est quand même relativement plus simple, est un fier descendant du Nintendocore (mais si, ceux qui font de la musique avec des processeurs de consoles old school).

Effectivement, les "8 bits superheroes" se revendiquent purement de cette école, mais on a pu s'apercevoir qu'entre l'EP précédent, et ce full-lenght éponyme, les influences se sont diversifiées. 
Exit le Crystal-Castles-worship, ici YLHCSD incorpore de la dubstep, du drum and bass, de l'électronique, et aussi du rock indie, via cette basse métallique bien mise en avant.

Un gros cocktail donc, qu'il n'était pas forcément évident de mixer sans que ça sonne fourre-tout. A n'en point douter YLHCSD s'en tire vraiment pas mal dans ce pari plutôt risqué.

Si on attaque cet opus, on va forcément commencer par remarquer cette pochette, un peu trop "emo-punky-génération "skins"" selon moi, mais qui à le mérite de servir plutôt pas mal l'image du groupe, et de retenir l'attention sur leur travail.

Le premier titre "Leap of Desire", (qui sera d'ailleurs plus ou moins repris sur "Leap of Desire II" dans une version encore meilleure, en piste numéro huit), ouvre bien le disque et pose bien le style de YLHCSD, avec les parties électroniques bien travaillées, et la voix très arrachée et déformée de la chanteuse.

Ah oui, parce le groupe est un duo homme-femme. L'homme fait la musique, et la femme chante/crie, juste à titre de précision.

Parmi les titres les plus marquants, on citera "Sunday Best", vraiment très énergique avec ce feeling rock, "Mud" en featuring avec Sucker Twin, et extrêmement dubstep, "Pull out the nails", ou la chanteuse est véritablement enragée ou la deuxième version de "Nowhere to run to", titre déjà présent sur l'EP, qui peut se révéler décevante au premier abord si l'on connaît la première version, mais qui finalement possède un certain potentiel.

La seule petite déception est l'outro de cet opus, un peu molle, et pas vraiment utile. Il aurait été plus intelligent selon moi, de terminer sur "Nowhere to run to".
De même, je trouve que le titre "This is a raid" est un peu en dessous des autres, malgré le fait qu'il possède un refrain avec une ligne de chant vraiment sympathique, c'est juste dommage qu'il faille attendre ce coup d'éclat.

Un bon moment d'électronique, qui ravira les amateurs du genre, et qui permet de passer un bon moment, et aussi de bien se réveiller le matin (testé et approuvé...).

15/20







Graven : Perished And Forgotten






Si il y avait, quelque part dans le monde, une école, une université ou un Iut ou on pourrait faire une formation sur le Black Metal, je militerais sans concessions pour que le groupe Graven soit titulaire d'au moins une heure de TD sur l'UE 401 : "Analyse et histoire du Trve Black Metal".

Oui, il n'y a rien à dire, les deux allemands savent envoyer le bois. Actif depuis 1995, il y aura quand même fallu sept ans au groupe pour sortir son premier album, après pas mal de démos, de splits,...
Puis, les membres accoucheront d'un deuxième opus, lui aussi de très bon niveau, intitulé "The Shadows Eternal Call". Il est également bon de noter, que Vargsang (titulaire en chef du projet du même nom) est ancien membre qui a quitté Graven.

En général, et dans ma vie on m'a plus souvent cité "The shadows eternal call" comme référence ultime du projet teutonique, ceci dit, certainement par nostalgie, souvenirs personnels ou autres simagrées qui font de nous, êtres humains, ce que nous sommes, j'ai toujours préféré ce premier opus.

Alors, à quoi s'attendre en insérant la galette dans le lecteur ? Déjà, la pochette est tout à fait explicite : Ça sent fort le gros true-black bien des familles. Darkthrone en tête puis Mayhem, Satyricon, Immortal...
Il est fréquent de voir Graven affiliée à la scène dite du "Darkthrone-like", d'ailleurs le groupe en est un des piliers, au même titres que Craft, ou Pest...

Sauf que voilà, certains groupes de Darkthrone-like sont particulièrement mauvais, et cette étiquette n'est pas forcément gage de qualité, c'est pourquoi je place personnellement Graven dans une optique de Black Metal régressif, couillu, sombre, rentre dedans, mais surtout, terriblement misanthrope.
Ce que se doit d'être le Black, au sens "pur" et sans ramifications du terme, finalement.

La production s'inspire donc de Darkthrone, avec cette voix, empreinte de noirceur et de réverbération, cette guitare saturée à l'extrême et rappelant les classiques "A Blaze in the northern sky" et "Under a funeral moon", mais pas que. En témoigne cette batterie triggée, "propre" et puissante, qui offre à l'album un rendu vraiment mécanique pour ce qui est de la rythmique, certes monotone, mais respectant les phrases rythmiques coutumières de ce style.
On rajoutera quelques notes de claviers fantomatiques (sur "Nightwinds lead my sword", entre autres...)

Alors évidemment, il y a ici du "riff qui tue" au kilomètre (condition absolue, selon moi, de l'excellence dans le True-black), chaque titre possède son moment qui avoine, depuis l'excellent riff du "Prologue / Whispering Fields", repris d'ailleurs dans le titre éponyme qui sert également d'épilogue, jusqu'au démarrage en trombe de "Of darkness, sorrow and hate".

La voix est définitivement un concentré de haine, propre, net, et sans trucage (encore que, quelques effets, déjà cités précédemment...). De même dans les points positifs, la cymbale "china" de la batterie est juste immense. Le gong de l'apocalypse, enregistré ! Un régal sur chaîne hi-fi !

Cet album, plutôt court est donc parmi la crème de la crème du True-Black, avec une puissance et une magie non-contestable, et qui peut véritablement rendre fou, et accroc, si l'on se donne les moyens de rentrer dans cet opus.

Un très bon point, donc, pour Graven et un opus à découvrir pour ceux qui veulent passer un grand moment de Black Metal !
16.5/20


mardi 27 mars 2012

In bed with Pavillon Rouge...

En fait, voilà, il se trouve que ma chronique de Pavillon Rouge a trouvé un certain écho chez le groupe. Et comme j'aime vraiment leur disque, je leur ai proposé de faire une interview, demande reçue très positivement par Mervynn.
Sauf que les interviews bateaux des webzines, je ne sais pas vous, mais moi, ça m'emmerde, donc, j'ai décidé que sur ce blog, les interviews sortiraient un peu de l'ordinaire, et donc, c'est ce que j'ai essayé de faire ici.
Alors bien sûr, ce n'est pas dit que ça soit forcément super au point, vu que c'est le début, mais je pense que le résultat est plutôt pas mal.
Si on excepte le fait que la mise en page me fait des misères...

Jugez-plutôt :


FovS :   Ave, Pavillon Rouge ! Tout d'abord, le nom du groupe Pavillon Rouge vient de la chanson d'Indochine. Tu as 300 mots pour expliquer à tout le monde pourquoi Indochine avant 1990, ça déchire... Non, plus sérieusement, qu'est ce qui fait ta passion envers ce groupe ? Des souvenirs, un titre en particulier, une anecdote ? 

Mervynn : Hey, ben disons que quand j'étais gamin, j'ai vu le clips des Tzars à la télé, et je me suis dit que je voulais faire la même chose, être aussi au top que ces gars, faire une musique aussi dansante et énergique etc... « 7000 danses » a été le premier album que j'ai acheté et, deux ans avant de découvrir Megadeth, Judas Priest et consorts, je me suis passionné pour l'univers d'Indochine, j'ai complètement trippé sur cette atmosphère asiatisante, éthérée et soyeuse qu'on trouve dans leurs premiers albums (« Le Péril Jaune » en tête), avec ces putains de sons de synthés suraigus, vraiment la tuerie... Allier ces ambiances à des grosses guitares et à des rythmiques indus a toujours été mon rêve, et je pense l'avoir réalisé...
Si je devais citer un titre, ce serait évidemment la chanson « Pavillon Rouge », avec le saxo lubrique et velouté de Dimitri, les riffs pentatoniques de Dominique etc... un univers à elle toute seule, une pure merveille...
Il est déplorable de voir dans quoi le groupe est tombé actuellement, ces cabotinages dégueulasses de N.Sirkis sur scène, ces paroles de plus en plus puériles, absolument ridicules pour des gens de cet âge, ce trip adolescent super balourd, et ces références grossières... Alors qu'ils auraient pu faire ce qu'on fait nous, avec 100 fois plus de moyens! N.S, tu crains!
 
FovS : Toujours sur Indochine, la question que tout le monde (enfin bon, tout le monde..., moi en tout cas). Pavillon Rouge qui reprend "Pavillon Rouge", c'est possible ?
 
Mervynn : En effet, je suis pas sûr que 99% de l'humanité se pose cette question... mais je vais quand même soulager ceux qu'elle tourmente depuis des années : NON ça n'arrivera pas, ou du moins pas sous un format de reprise classique. On reprendra sûrement le thème mélodique dans une chanson à nous, mais pour moi, cette chanson est trop précieuse, j'aurais trop peur de l'abîmer en voulant la reprendre et l'embellir, surtout en y intégrant du chant black et des guitares... Si on devait reprendre du Indochine, ce serait plutôt « La sécheresse du Mekong » (dont on pourrait corriger les faiblesses...)
 
FovS : D'ailleurs, j'ai cru voir que tu aimais aussi le Glam Metal. Tout comme moi, j'apprécie ce style pour le son, mais aussi pour le côté Sex, Drugs & Rock'n'roll. Personnellement, je trouve que pour un style qui se vante d'une rébellion ultime le Black Metal est vachement puritain et enfermé dans ses propres codes. Pourtant des piliers du genres comme Gorgoroth vantaient sur leurs skeuds les mérites du "Never Stop The Madness "... 
Alors, les adeptes du Black ont-ils un balai dans le cul selon toi ? 

Mervynn : Ça a longtemps été le cas en Province, les fans de black metal ont été les êtres les plus ennuyeux du monde, mais d'après ce que je vois, les satanistes/militants anti-drogue sont une espèce en voie de disparition aujourd'hui, enfin je l'espère... C'était aberrant, à une époque (genre vers 2003/2004), ces gens qui rentraient leur tshirt Burzum dans leur pantalon, qui se disaient suppôt du Mal et qui venaient faire la morale à ceux qu'ils traitaient de « drogués »...  Je leur reproche pas d'être anti-drogue, ça serait tout à leur honneur s'ils prônaient un esprit sain dans un corps sain, mais en fait c'étaient des gens bedonnants et en mauvaise santé, qui étaient anti-drogue mais qui étaient accrocs à la bière j'ai jamais vraiment compris leur délire... Enfin, de toute façon, ils existent plus vraiment, et on va pas s'en plaindre. Ils se targuaient de maintenir en vie l'esprit du black ou du metal, alors qu'ils ont fait beaucoup de mal à la scène, en la rendant encore plus inoffensive et puérile qu'elle n'était.
De toute façon ça ne me concerne pas vraiment, car je n'ai pas la prétention de faire du pur black metal, de faire partie de cette scène et de servir les intérêts de Satan, j'en ai rien à foutre en fait, et je suis beaucoup plus attiré par le Ciel et la Lumière. Il se trouve que notre musique sonne souvent comme du black, car nous adorons l'intensité de ce style de metal, mais en aucun cas nous n'en faisons une religion. Je ne chierai évidemment jamais sur cette musique, puisque le Doxa o Revelation de Crystalium et le Solar Kult de Blacklodge figurent, aux côtés du Péril Jaune, parmi mes albums fétiches... mais si j'adore ces albums, c'est parce qu'ils apportent autre chose que les sempiternelles imprécations contre Dieu, l'Eglise et les méchants chrétiens... Ce sont des albums d'adultes, et ont vraiment la classe.
Concernant le glam, j'en suis effectivement complètement fan, notamment du cultissime groupe Hanoi Rocks, qui était dix fois plus décadent que la plupart des groupes de BM... C'est toujours drôle de voir des mecs habillés en cuir des pieds à la tête, avec des clous, les cheveux longs bien peignés etc... traiter les glammeurs de Pds!!!!!! Enfin, je dis ça mais le glam peut aussi avoir un côté beauf et bas-du-front (cf Motley Crue...).

 

FovS : Il y vraiment plein de références dans le groupe. Du coup, je me demandais, vu que la drogue semble omniprésente dans le concept du groupe. Tu trouves pas qu'on nous vend un peu de la merde parfois ? Et que, comme dirait Svinkels " Vu la piètre qualité des produits qui tournent dans ce produit, ça me donne envie de dire que je n'ai jamais pris de drogues de ma vie" ?

Mervynn : Ah, putain elle est pas mal celle-là... Ben je vais pas te dire le contraire, vu que j'ai moi-même refilé de la  pure merde à l'un des membres du groupe il y a quelques années... Et je suis tout à fait d'accord en ce qui concerne la C, j'ai très franchement l'impression de n'en avoir jamais vraiment tapé... C'est drôle car tout le monde sait que c'est de la merde, que c'est tout sauf de la C, mais les gens sont toujours motivés pour en acheter et en taper, c'est sûrement du au prestige (non légitime) de cette drogue... Après, faut pas non plus exagérer, y a des classiques qui déçoivent assez rarement : MD, speed etc...

FovS : Toujours au titre des références, il y a une portée symbolique assez immense. Entre le Zend Avesta ou les allusions au soleil... Il y a un côté vraiment occulte et mystique chez Pavillon Rouge. Passion personnelle ? 

Mervynn : La dimension solaire, bien plus fascinante à mon sens que les caniveaux puants ou les sombres bosquets dont nous parlent tant de groupes de black, m'attire depuis une dizaine d'années... cette fascination m'est venue lors d'une soirée champis, où tournait l'album « Monumension »... J'ai eu envie d'évoluer dans un monde lumineux et pur, loin de la glauquerie en carton-pâte, et des seigneurs de ténèbres...  Il est bien plus difficile (et donc plus intéressant) de s'orienter vers ce monde inaccessible que de se vautrer dans la noirceur, puisque la noirceur et la glauquerie sont partout dans le monde contemporain... Le monde est un caniveau, quel mérite y a t-il à se complaire dans sa merde? Si tu veux que ta vie soit noire,c'est pas bien difficile, il suffit de ne rien faire et de céder aux tentations de la paresse, du vice etc... et devenir une loose, comme un héros de Houellebecq. Mais si tu veux que ta vie et ton art soient lumineux, là tu peux être sûr que tu vas en chier, que tu rencontreras plein de pièges sur ta route, et que tu te heurteras à de très nombreuses déconvenues.... tout ça pour probablement échouer au final. Mais t'auras peut-être des chances de connaître des extases sans descente, et ça, ça n'a pas de prix...
Cela fait donc un bail que j'aspire à un art lumineux, sans arriver vraiment à verbaliser cette aspiration dans des textes... Mais Kra Cillag est arrivé dans le groupe il y a deux ans, avec tout son arsenal de références mystico-prophétiques, qui ont parfaitement collé au délire du groupe... Il te parlerait de tout ce concept bien mieux que moi, s'il avait le goût des interviews! Le fait est qu'il a mis des mots sur les sensations que je voulais faire passer dans nos chansons, et le prochain album poussera le mysticisme encore plus loin... sans toutefois s'éloigner de la dimension terrestre incarnée dans notre musique par les beats, les guitares et l'aspect « dansant »...

 
FovS : Le tueur de Toulouse, ça t'inspire ? 

Mervynn : Comme l'a très justement dit un pote à moi, Kad Merad, lui, court toujours...
 
FovS : La philosophie de vie de Pavillon Rouge, c'est quoi ? Au sens, vous vous sentez comment, comme une famille, une bande de potes qui fait de la musique par passion, un groupe pro qui est là pour bosser de 14h à 17h... ? 

Mervynn : Ça n'a pas toujours été le cas, mais le groupe s'apparente désormais à une famille, c'est un cercle de gens soudés, qui ont pourtant des profils complètement antithétiques... L'arrivée de Sorthei, batteur live, a donné un aspect encore plus familial au groupe, puisque sa fougue et son enthousiasme au top fédère les personnalités des autres membres du groupe... Nous avons toujours eu beaucoup d'affinités, malgré nos caractères très différents, et nous commençons désormais à avoir un vécu commun conséquent, ce qui donnera une putain de force au prochain album.
 
FovS : Ton point de vue sur la planète, l'homme, etc... ? 

Mervynn : Je crois dans le Vrai, le Beau et le Bien... qui ne sont qu'une seule et même Idée, bien plus bandante que le vice et l'auto-destruction. En fait, je me situe à l'opposé des black metalleux qui prêchent le Mal et qui te font la morale sur la drogue... Pour moi, la drogue c'est le Bien, et la construction de soi, au même titre que le sport et la culture.
 
FovS : La scène française, tu en penses quoi ? Quels sont les groupes avec qui tu t'entends le mieux, tes amis, etc... ?
 
Mervynn : Je suis très pote avec les gars de BlackLodge, qui sont mes voisins et qui sont aussi cultes que leurs albums, avec les Vorkreist de Paris, avec le gratteux d'Alien Deviant Circus, qui a d'ailleurs réalisé notre visuel, et avec Deathcode Society, un groupe de Black metal ultra moderne, dans lequel je m'occuperai des parties synthés...
Pour ce qui est de la scène black française, il me paraît difficile de ne pas en être fier... Ca paraît sans doute très chauvin, mais j'écoute essentiellement les groupes de notre région, car ce sont leurs concerts qui m'ont donné envie de faire ce groupe : BlackLodge, Nehemah, Crystalium, Himinbjorg (avec lesquels on va bientôt jouer)... La scène parisienne est aussi complètement culte, mais ça devient limite un poncif que d'en dire du bien ! Et en ce moment j'écoute pas mal l'album de Sektemtum, en particulier le titre « Low Spread » qui est vraiment une tuerie.


FovS : La plus grosse tête à claque du Black Metal ? 

Mervynn : Eh non, je n'entrerai pas ici dans des invectives surannées contre Dani Filth, ni dans un débat chiantesque sur Varg Vikernes etc... je te parlerai plutôt des musiciens de black qui me font le plus rire... à savoir les Nifelheim, ou plutôt les Nifelmen, comme nous avons désormais coutume de les appeler.
On a découvert ce groupe sur myspace, on a halluciné sur une de leurs photos où tu les vois complètement à fond, tous pics dehors, avec leurs têtes improbables, et derrière eux cette fumée à la con qui fait les beaux jours des dancefloor des 80s (surtout dans les fêtes au village...)... Jusque là, ça va encore, c'est pas le premier groupe de black à se ridiculiser de la sorte (même si eux n'ont pas l'excuse de la jeunesse), mais putain dans les commentaires myspace, on voit un mec qui a écrit, et sans ironie : « you are definitely prepared for war! » Putain, il en fallait pas plus pour déchaîner l'hilarité... Non mais sérieux, tu vois leur gueule, leurs tenues à la con, leurs haches de merde, et tu les imagines partir en guerre, comme s'ils faisaient trembler tout le Moyen-Orient ! Imagine Bush, à l'époque, dire « OK, Ben Laden se rend pas, on lui envoie les Nifelmen... » Quels génies... (nb : Rires nombreux de FovS pendant la relecture)

Du coup on a imaginé, les psylos aidant, une espèce de dessin animé dont les Nifelmen seraient les héros... mais je ne t'en dis pas plus, je ne veux pas trop en parler, car peut-être qu'un jour le truc sortira, et qu'il nous rapportera un max de fric, qui sait...
Bref, on a bien ri sur leurs gueules, et j'ai été très surpris quand j'ai entendu leurs albums, qui sont vraiment excellents! Mais la plus grande surprise fut quand je me suis retrouvé au resto à Stockholm face à Tyrant, qui est vraiment très sympa, en fait, et qui a l'air beaucoup moins con en vrai que sur les photos...
Ce ne sont donc pas les pires têtes à claques du BM, mais plutôt des clowns talentueux et sympathiques...

FovS : Niveau production, étant donné que je bidouille aussi pour mon propre groupe, je suis toujours pas mal épaté de voir le mixage dans un groupe comme le tien. Ce n'est pas trop un casse tête, pour mixer, enregistrer, caler les parties ? 

Mervynn : Si, je te rassure, c'est l'enfer, y a une centaine de pistes juste pour les parties electro, et c'est un vrai casse-tête, mai c'est notre ami Arnaud Ménard du studio Hiroshima qui en a le plus souffert, et il est prêt à réitérer l'expérience, le bougre... On a passé énormément de temps sur le mix, c'était un truc de fou... En revanche, l'avantage c'est qu'on gagne un max de temps grâce au fait qu'il n'y a pas de batterie à enregistrer.

 
FovS : Vu qu'ils vont sûrement passer en interview à peu près en même temps que toi, tu penses quoi de La Division Mentale ?

Mervynn : J'avais trouvé ça vraiment cool à l'époque où ils avaient sorti « L'eXtase des fous », ça devait être en 2007 ou 2008 je crois... Et ta chronique de leur EP récemment sorti m'a donné envie de m'y remettre... En plus de faire une musique puissante et originale, ils ont pas mal d'inspiration concernant les titres des albums et des chansons, ce que j'apprécie particulièrement dans un groupe (c'est aussi ce que j'aime chez Indochine, Crystalium et BlackLodge, des titres comme « Le Péril Jaune », « Diktat Omega » ou « Psychoactive Satan », ça démonte tout!). D'autant qu'il est très difficile d'avoir des titres et des textes en français qui soient puissants... Et la pochette du dernier EP est terrible, je sens qu'il va me plaire !
 
FovS : Ta marque de whisky favorite ? A noter que je vote Jack Daniel's...

Mervynn : Putain là tu me fais pas plaisir, par contre... Le Jack c'est pas mauvais, mais la référence est assez grossière ! J'opterais pour un bon William Peel, un truc de bon gros bourgeois bon vivant quoi...
 
FovS : Voilà, tu as le dernier mot, si tu veux poser une question à ton humble intervieweur, si tu veux passer un coup de gueule, un coup de cœur, un coup de fil à un ami..

Mervynn : Pas de question à te poser, juste une objection à ce que t'as dit au début de l'interview... Indochine c'est bien AUSSI après 90, je trouve l'album Dancetaria très correct ! (ndFovS : effectivement oui, et le dernier est loin d'être nul, aussi...)
A part ça merci pour ces questions qui, j'en suis convaincu, sortent un peu des sentiers battus !



lundi 26 mars 2012

Blacklodge : Solarkult






A l'aube du nouvel album des piliers du Black Industriel français, il est de bon ton de se replonger dans le passé. En effet, il y a quelques jours, Saint-Vincent annonça la sortie prochaine du quatrième niveau d'initiation, suite logique des trois précédents niveaux et donc quatrième opus très attendu du groupe.

Ici, c'est un petit retour vers le passé que je vous propose, par le biais du deuxième opus : "Solarkult", soit pour beaucoup l'album avec un grand "A" de Blacklodge.
Aussi psychotrope qu'un buvard, aussi chimique qu'un Red Bull, aussi possédé que le malin en personne et aussi sombre et froid qu'une friche industrielle désaffectée.

En gros (Dr + Ch + Indus + Stn)², soit la formule chimique du Black Industriel selon le groupe.

Oui, Blacklodge, à développé un monde, un monde qui peut nous accompagner, aussi bien lors de la file d'attente au Mac Drive, ou quand on marche le matin dans la ville brumeuse, ou encore lors d'une soirée déjantée.
Blacklodge s'implante, Blacklodge s'adapte à toute les situations, mais il garde sa puissance, et cela, peu de groupes arrivent à le faire.
Et Blacklodge se paye aussi le culot de nous rendre bien accroc à sa musique, au point qu'on est dans l'éventualité, voir dans l'obligation de se repasser l'album au moins une fois par jour. 

Rien à redire, l'opus commence directement très fort, avec cette petite introduction, puis l'enchainement magique "Mission", "Iron Icon", "PsychoActive SataN", ou la sensation de faire l'Airmaxx sous cocaïne et donc de se prendre une baffe dans la gueule assez incommensurable.

L'intensité est bien évidemment au rendez-vous, et si la claque magistrale du départ se pose un peu par la suite, "Solarkult" reste un monument d'intensité, envoyant émotions sur émotions. "Drugz Mysticism", "Martyr Complex" ou le final "Templars", sont, en terme de mysticisme industriel, des moments qu'il paraît difficile de rayer de sa mémoire.
La production en béton-armé, aidant bien sûr à rentrer au mieux dans le disque. Pleine de subtilité et incorporant des éléments tels une batterie organique, le combo à fait le bon choix en allant enregistrer l'opus aux "Necromorbus Studios".
Les guitares sont acérés, la boîte à rythme démontre toute sa puissance, et le basse offre une sonorité métallique. La boîte à rythme se révèle d'ailleurs bien recherchée au niveaux des rythmes, qui sont férocement étudiés pour coller au millimètre avec les parties de guitares.
De même, les synthétiseurs ou autres effets apportent forcément un point positif non négligeable.

On est pris au piège, finalement, et on se retrouve un peu perdu dans cette masse musicale très dense, futuriste et véritablement très impressionnante. Il suffit de fermer les yeux, de se laisser aller, et vous verrez bien vite par vous même que l’expérience se révélera riche, et unique.

Il est également bon de noter que la prestation vocale de Saint-Vincent est vraiment bluffante, on sent bien que l'homme à vécu ce qu'il dit, et qu'il l'a vécu pendant l'enregistrement. Et nous, auditeurs, on ne peut pas rester insensibles devant cette kilotonne de conviction.

L'artwork est aussi bien pensé. Non seulement il offre toutes les paroles, ce qui est agréable, et en plus l'univers graphique choisi est tellement imposant qu'on pourrait difficilement faire plus Industriel et froid. J'y vois une référence au "With No Human Intervention" d'Aborym, mais bon, peut-être que j'extrapole.
 
"Solarkult" est définitivement un album aussi addictif que les substances qu'il décrit, et il est clairement un très bon compagnon de voyage vers "Les Portes de la Perception".
Le chef d’œuvre de Blacklodge (pour l'instant...).

1(0)8/20








dimanche 25 mars 2012

Sefyu : Qui suis-je ?






J'en vois déjà pleurer.
J'en vois déjà hurler.
J'en vois s'étouffer avec leur bière.

Coucou ! C'est moi, et aujourd'hui, on va parler Rap français.

Alors oui, effectivement, on va me traiter de traître à ma patrie, de faux métalleux, de gars qui en plus "chronique un gars que c'est trop un vendu"... Bah, pour reprendre Mc Jean Gab'1 : "J't'emmerde, j't'emmerde et j't'emmerde !"

Bon d'accord, j'avoue que Sefyu, rappeur français, originaire d'Aulnay-sous-Bois, a quand même sacrément mal tourné, en particulier depuis qu'il fait des tubes, et qu'il gagne des victoires de la musique. Mais bon, il serait bon de ne pas oublier qu'il en est arrivé là avec "Qui-suis-je ?" (et aussi avec Molotov 4, excellent mixtape sortie avec l'album).

Noir, oui carrément, ici l'ambiance n'est pas à la fête, ça sent les blocs (Balzac-4000-93.120, pour ceux qui comprendront), les halls remplis de junkies, et la capuche du pull LRG qui dissimule la New Era 59Fifty avec l'étiquette estampillée chez les Braves ou chez les Yankees, la nuit.

Ambiance grégorienne, avec des chants samplés sur l'instrumentale de l'introduction. Le beat cogne, et les paroles récitant les rivalités entre villes de la banlieue sont criantes de vérité.
Que dire de la lourdeur de "En live de la cave", de l'instrumentale massive, et des chœurs tout aussi massif  de "La légende", de la noirceur de "Faits divers, ou encore le monstre de testostérone banlieusarde qu'est "Musculation" ?
Et ces samples de glocks, sans cesses rechargés, et déchargés, comme la terrible boucle des rivalités de bandes.

Alors bien sûr, l'homme ralenti parfois un peu la cadence, en faisant des chansons plus posées, et en incorporant des influences moins sombres, et moins Hardcore, mais le propos reste profondément triste. Et le pire, c'est que ceci n'est qu'on constat.

Alors il y a quelques petits défauts dans cet opus. Certaines chanteuses de R'n'b sont parfois un peu too much, et il y a deux interludes (avec un imitateur ?!?) qui cassent carrément l'ambiance, mais vu la qualité globale de cet opus, on passe largement dessus.

De même, les textes sont bien écrits, même si pas forcément faciles à comprendre à cause de la voix imposante de l'homme. Heureusement, il en a glissés quelques uns dans le livret du CD.
Comme il le dit lui même "Tu voulais un son lourd ? Bah, t'as la voix qui va avec." dans "La vie qui va avec", et effectivement, personne ne peut rendre quelque chose d'aussi lourd, hormis Sefyu. On peut dire que la performance vocale de cet opus, est vraiment dense et intense, et surtout, elle colle à l'univers comme un tube de Super Glue à prise rapide.

 Alors bon, j'aurais aimé que certaines titres de la mixtape du genre "VNR" ou "Crie mon nom" se retrouvent sur l'album, dans une version totalement noircie.
Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

La légende, Sefyu y entre de plein pied avec cet opus, en tout cas dans celle du Rap made-in-france, et même si la dégénérescence sera progressive (oui, y'a quelques bons titres sur l'album suivant : "Suis-je le gardien de mon frère ?"), elle sera bien au rendez-vous pour l'artiste.
En attendant, cet album reste dans mon panthéon personnel du Rap Français.

" Zahefyu - Molotova - Undercova - La muscul' y va avec !"

16.5/20





Neo Inferno 262 : Hacking the holy code








Neo Inferno est un projet bien mystérieux, puisqu'on ne sait pas vraiment qui se cache derrière ce groupe de Black Industriel.

En effet, et si tout le monde y va de sa petite supposition (personnellement, je verrais bien un mec issu de Antaeus/Aosoth dans ce projet, un mec comme MkM ou BST, mais bon, peut-être que je suis à 1000 kilomètres de la vérité), personne ne sait vraiment qui se cache dans ce projet.

Ce qui est sûr, déjà, c'est que cet opus bénéficie d'un graphisme signé Metastazis, typiquement inspiré par le design Stalinien (en gros, ce qui se fait de mieux niveau grandeur). Oui, Neo Inferno affirme via son graphisme un concept dictatorial et prônant un nouvel ordre politique, comme le prouve le livret et son organisation administrative de la patrie que créer le groupe.

Rien que le nom du groupe porte aussi sa signification, Neo Inferno, le nouvel Enfer donc, mais appuyé par le nombre 262, qui offre une multitude de significations possibles, entre autres : nombre méandrique, intouchable ou lien avec le Messerschmitt 262, avion de bombardement allemand ?
Bref, un sombre mélange entre dictature, mathématiques, orthodoxie et mysticisme.

Un programme conceptuel qu'on peut donc facilement qualifier d'ambitieux, voir de très ambitieux, mais aussi d'excessivement alléchant.
Musicalement, il va falloir envoyer la purée sérieusement, si le groupe veut coller à son image.

Croyez-moi, aucun souci la dessus.
Premièrement, le groupe prend bien soin de varier la rythmique. Blast-beats Industriels, ou plus organiques, rythmes Gabber, Drum & Bass, Big Beat, et parfois une batterie lente et organique, le groupe a pris le parti risqué de mixer les productions et les influences.
En découle fatalement un ennui absent, et une richesse musicale profonde.

De même, les finesses électroniques se multiplient avec beaucoup d’effets, types réverbération, flanger, chorus, etc... De même des synthétiseurs parsèment le disques de sons tordus du meilleur acabit.
On assiste aussi à beaucoup de samples parlés, qui renforcent l'ambiance, et le concept. 
Tout ça sent donc bien fort la C17H21NO4 brute et avec plein d'isomères, et donc, je plonge à plein nez (ah ah !!) dans l'opus.

En fait, NI 262, cherche tout simplement la fusion parfaite entre l'électronique/industriel et le Black Metal, et finalement, même si tout se chevauche pendant un même titre, on voit bien que le groupe sait ce qu'il fait, et que le mélange est parfaitement réussi, grandement aidé par un mixage équilibré, couillu et puissant.
Les guitares et le chant souvent aidé d'un effet "mégaphone" pour les parties hurlées en aigu, servent donc à renforcer la dose de haine et de violence.

Émotionnellement, il faut bien dire que cet opus nécessite un nombre d'écoutes relativement considérable si on veut cerner entièrement le disque. Mais malgré cette complexité qui pourraient en effrayer, voir en décourager plus d'un, "Hacking the Holy Code" sait placer des passages addictifs qui nous font retourner sur le disque, et ce dès la première écoute.

Les chœurs sur le premier titre, l'excellent morceau éponyme, le mystique "F.A.I.T.H." et sa montée hyper-puissante ou le plus électronique/hardcore "A needle in your eardrum".
Un album définitivement réussi, qui ne possède comme défaut que sa complexité éventuellement décourageante, mais qui est au final, un vrai point positif quand on connaît suffisamment bien l’œuvre, et un garant du potentiel replay.

J'attends donc avec une grande impatience que les mystérieux personnages qui se cachent derrière ce patronyme nous offrent, à nous, amateur de Black Industriel, un second opus !

16.5/20 


mercredi 21 mars 2012

Indochine : 3






L'omniprésence du chiffre 3, "3" titre de l'album, "Troisième Sexe", " Trois nuits par semaine",...

Et aussi, troisième sortie pour Indochine, qui sera inévitablement celle du succès.
Oui, le groupe avait frappé vraiment très fort avec "Le péril jaune", véritable bombe du groupe, montée sur ressorts rythmico-asiatiques.

Si Indochine tape un cran en dessous sur cet opus, le grand public aura apprécié en masse cet opus. Oui, le grand public à mauvais goût, enfin, c'est pas nouveau... Encore que, même si l'infériorité est quelque peu au rendez-vous, Indochine sort quand même un album que l'on peu qualifier de bon, voir de très bon.

Rien que l'introduction de l'album, effectuée par le "tube", " Troisième Sexe" attaque très fort. Malgré le fait que ce dernier soit régulièrement diffusée par les péripatéticiennes des radios françaises, il n'en reste pas moins une excellente entame d'album.
Un mythe, souligné par ces accords planants tout en étant évocateurs, typiquement Indochinois, et typiquement 80's et aussi par ce saxophone totalement kitsch, mais que j'adore littéralement (au point que ça me rend fou, avec quelques verres dans le nez, comme a peu près toutes les choses qu'Indochine a pu faire avant 1990...).

Par la suite, réglons directement leur comptes aux autre succès du groupe via cet opus, à savoir :

- Canary Bay, qui outre son refrain un peu kitsch, bénéficie de la cassure rythmique la plus monstrueuse qui soit et qui nous claque au milieu du titre, avec ses claviers puissant, tordus voir hallucinatoires (si si, essayez au casque...) et ses percussions tribales. Hypnotique.

- Trois nuits par semaine, qui mine de rien, envoie quand même une recette imparable pour que l'on puisse prendre son pied.

- Tes yeux noirs, un titre plus calme, qui clôt l'album, et qui offre un moment d'émotion plutôt réussi.

Comme d'habitude, Indochine fourmille de références, comme pour "Salambô", référence au roman du même nom, ou encore à "L'Amant" de Duras. De même, on citera des textes, toujours un peu en demi-teinte, mais que je trouve pour ma part un peu plus aboutis que sur "Le Péril Jaune".
Un des deux points donc (avec l'efficacité) sur lequel Indochine a vraiment progressé entre les deux opus.
Deux points auxquels je rajouterais un certain professionnalisme, dont je vais reparler par la suite.

L'ambiance de cet opus, si elle reste ancrée dans une tradition orientale, s'éloigne un peu du jusqu'au boutisme présent dans les deux productions présentes. Ici, on entre plus dans un monde relationnel, et sexuel, et même si ce n'est pas pour me déplaire, on perd quelque peu en mystère et en puissance. Le fait est que l'on s'imagine bien les actes qui vont avec les ambiances musicales, donc, la sauce prend.

Une légère prise de distance avec l'Asie, donc, mais l'album étant quand même d'une qualité de composition relevée, il s'en sort finalement plutôt bien.

Et des titres, comme "Salambô" son introduction et sa ligne de basse tout simplement dantesque, ou encore "Monte-Cristo" vous confirmerons mon ressenti.
Tout reflète finalement une plus grande précision dans "3" (précision confirmée par la production, nettement meilleure que celle de son prédécesseur, notamment via des boîtes à rythmes plus claquantes...), en dépit d'une prise de risque diminuée. Plus professionnel donc.

Pour illustrer ce manque de risque, on citera la petite redondance entre "Hors-la-loi" et "Le train sauvage", qui malgré ce petit défaut, ne nuit aucunement à l'écoute de cet album.

Il reste une chose, que je n'ai pas abordée. C'est le fait qu'aimer cet album, vous condamne à être la risée de vos amis, en particulier dans la sphère Metal, ou les mecs me sortent régulièrement que c'est "gay" (et parfois c'est des fans de Power Metal qui me disent ça...), ce à quoi il suffit de répondre que tout le monde n'est pas apte à avoir du goût, et que ça peut éventuellement se soigner.

Vous l'aurez compris, même si il est imparfait, "3" reste un album de qualité, et qui offre une bonne dose de plaisir à celui qui se concentrera un peu sur la musique livrée ici, tout en fournissant un petit effort d'imagination, histoire de bien se représenter l'univers de l'opus.

16/20



Sektemtum : Aut caesar, aut nihil






Il y a des groupes comme ça.
La révélation du projet de Montpellier, Sektemtum, au grand public a été un mini-tsunami dans la sphère metal.
Jouant sur une image pleine de symboles, mais aussi sur ce fameux vidéo-clip de la chanson éponyme, montrant la débauche de trois jeunes filles, sorte de mélange entre "Baise-moi" de Virginie Despentes et une jeunesse plus ou moins dorée qui s'amuse (et elle a bien raison...).

Il faudra bien dire que ce "super" groupe (Willy de Mütiilation/Hell Milita, Prck de Zoldïer Noïz, ainsi que des membres ou anciens membres de Arkhon Infaustus, Doctor Livingstone...) a su faire parler de lui, les détracteurs faisant tourner le clip pour permettre à leurs connaissances de rire un coup, et les admirateurs faisant tourner le clip pour montrer leur nouvelle trouvaille.

Toujours est-il qu'avec cet imagerie provocatrice, Sektemtum tape dans la fourmilière du Black Metal traditionnel, et fatalement, tout le monde s'excite sur le monticule de terre qui reste.

Si la pochette était connue bien avant la sortie de l'album, je me demandais bien comment le groupe allait présenter l'objet. Image chocs ou sobriété apparente ? Il est désormais clair que c'est dans la deuxième réponse que se présente visuellement cet opus.

Livret sobre, quelques dollars imprimés en fond (comme un énième coup de pied au cul de ceux qui critiquaient la teneur "commerciale" du projet), et les paroles.
Parlons-en des paroles : Construites, réfléchies, dévouées. Non, décidément, si l'on s'en donne la peine, le concept du groupe que l'on peut comprendre avec les textes (et avec les interviews de Prck, qui apportent quelques éclaircissements sur la démarche du groupe) se tient. Il y a du fond en d'autres termes.

Sektemtum ne ment pas, Sektemtum croit en Lui, et Sektemtum ne joue pas les hypocrites en simulant les codes traditionnels du Black Metal, vu qu'ils ne le sont pas (traditionnels).

Musicalement, définir le style Sektemtum est quelque chose d'assez complexe, puisque le groupe ratisse dans plusieurs jardins. Le Black Metal, bien sûr, mais aussi le Death, le Thrash, ainsi que des soupçons Heavy, voir Rock.
Un melting-pot moderne, donc, qui apporte un certain cachet à la musique de Sektemtum et une énergie qu'il sera difficile de contredire.
Efficace, dans les passages Black ("Dead Whore Fragance"), comme dans les rythmiques "béton-armé" de certains titres comme "Exquirsis". Oui, efficace, voilà un des maîtres-mots de cet opus.
L'album est régulier, sans véritables faiblesses, et servi par une production tout à fait précise, ce qui permet d'apprécier au mieux l'album. 

On notera la meilleure des inspirations sur des titres comme "To dead ends, with holes in your pockets", le posé "218", "Faded" ou "Conférence catastrophe" qui sont tous arborés de passages tout bonnement excellents.
On passe un bon moment sur Sektemtum, on apprécie la musique, l'énergie et la dévotion du groupe. La sincérité et l'authenticité sont bel et bien présentes ici, mais sous une forme peu habituelle, tout simplement.

A titre personnel, je vois en Sektemtum le peintre du tableau d'une certaine frange de la jeunesse actuelle, qui écoute du Black Metal, mais ne s'empêche rien à cause de ce dernier. Prend de la drogue parce que c'est banal, vole son whisky parce que c'est banal, pisse sur un parking parce qu'elle est trop bourrée pour trouver les chiottes et parce que c'est banal, et serre de la pouffe au kilomètre parce que c'est banal.
Une jeunesse dont je fais partie. Ma jeunesse.

Et donc, à tous les choqués/puritains qui reprochent cette attitude, je répondrais "Les mecs, cessez de serrer les fesses, et sortez un peu de votre trou".

16/20 











mardi 20 mars 2012

La Division Mentale : Totem Simius EP


Ahhh, bah voilà ! C'est pas trop tôt comme dirait l'autre...
Cinq ans après l'affreux, mais jouissif, "L'eXtase des fous", revoilà La Division Mentale. D'abord annoncé comme un album (qui devrait voir le jour sous peu d'après Mriik, chanteur de la formation, avec qui votre serviteur à tapé la discussion), la pochette ayant même été révélée il y a déjà un bout de temps, le groupe ressort donc quelque chose en 2012, mais, ô surprise, point d'album à l'horizon.

En fait, le format long ayant été annulé par la faute d'un label qui a planté le groupe, LDM a décidé de sortir d'abord, via Foedus Aeternus, cet EP de deux titres, intitulé "Totem Simius", comme l'album annoncé.

Il y a donc sur ce petit digipack très soigné un titre éponyme qui provient du full-lenght à venir.
Assez court, ce titre n'en demeure pas moins efficace, puisque totalement immatriculé La Division Mentale, avec cette folie, cette violence, ces riffs tordus et ce côté psychiatrique assumé à 200%.

Mais le véritable monstre de cet opus est bel et bien le deuxième titre "Deathly Cold", qui a un peu près la carrure d'un monument pyramidal de 300 mètres sur 300 mètres, balancé du ciel par des extra-terrestres sur la plaine d'Alsace.
Et vous, pauvres auditeurs, hé bien, vous êtes en dessous...

Long de dix-neufs minutes, il y a de quoi franchement se perdre à la première écoute, tant ce morceau est complexe.
Assurément, on est sur un titre bigrement bien construit. D'abord, et en guise d'ouverture, on observera une longue introduction ambiante au titre, qui pose l'ambiance, avant le grand moment.

Le grand moment, c'est ce riff hypnotisant, sur un tempo plutôt lent, voir limite proche de la pachydermie, mais diablement efficace (putain, quelle basse !) qui s'enchaîne sur un passage trip-hop/électro/industriel. La on est vraiment sur du très très lourd.
Scié, bloqué, paralysé, il devient d'ors et déjà impossible de zapper cette piste, ou de penser à quelque chose d'autre que la musique.
Mais là ou La Division Mentale fait fort, c'est que cette tension musicale qui vous prend aux tripes ne faiblira pas. L'épée de Damoclès est maintenant crée et suspendue au dessus de votre petite tête, et il ne vous reste plus qu'à "subir" la dégénérescence progressive vers la folie que le groupe va vous offrir.

Tout d'abord, par un côté purement industriel, assez déjanté, puis avec des rythmiques massives et alternées avec des solis de guitares, tous plus distendus les uns que les autres.

Le titre se finit en apothéose, avec une folie palpable (enfin "palpable", le mot est faible, c'est impossible de ne pas la ressentir...), accentuée par le chanteur, et par des coupures de rythmes, fréquentes.

Oui, "Deathly Cold" est un des meilleurs titres de La Division Mentale, largement au niveau des chefs d’œuvres présents sur le premier album, tels que "Discipline" ou "... Et le tout indivisible".
Le premier titre somme tout très correct, fait quand même un peu pâle figure à côté de pilier qu'est ce titre fleuve de presque vingt minutes.

Si ceci est l'apéritif prévu avant la sortie du full-lenght, je peux vous dire que je bave devant la version longue de Totem Simius comme le chien devant son nonosse...

15/20






vendredi 16 mars 2012

Godkiller : Deliverance






Ah Godkiller, soit l'unique groupe de Black Metal de Monaco. Enfin, Black Metal, c'est surtout vrai pour l'EP "Rebirth of the middle age", un EP de Black médiéval totalement classique dans sa démarche.

Derrière ce projet, on a en fait, un seul homme : Duke Stanael (aka Benjamin Labarrère), feu claviériste de Kristallnacht, entité culte du Black à la Française et unique activiste de Milligramme, un projet électronique.
Déjà, en 1998, avec son premier full-lenght sobrement intitulé "The End Of The World", on sentait venir un gros virage Industriel, plutôt réussi. Une sorte de mixage du moyen-âge et de l'industrie.
Mais sur "Deliverance", deuxième et dernier opus du groupe (sorti en 2000, ça remonte quand même....), l'industriel et l’électronique prennent le pas sur le Black Metal, de manière relativement brutale.

Plus de cris, plus de riffs de guitares continus, ici ces derniers font en moyenne une apparition par chanson, mais la majorité de la musique se construit via une base de claviers électroniques.
Godkiller est souvent un groupe décrié, parce qu'il à changé, et développe une atmosphère très souvent proche d'un industriel ou d'une cold-wave kitschissime. Du coup, le monégasque s'en prend parfois plein la poire, et c'est pas très sympa, étant donné que "Deliverance" (et même le précédent) est clairement un bon disque.

Les paroles sont toutes tirées de la Bible, précisément de l'ancien testament, excepté sur la dernière chanson éponyme. Alors, au vu des interview du bonhomme, je ne pense pas que Godkiller se soit mué en groupe catholique, il semble que l'interprétation de la Bible faite ici, soit plus personnelle qu'emplie de foi. Le livret se fend de toute les paroles, et de leurs références dans le livre, et aussi de quelques photos, dont trois de l'artiste sur lesquelles on se rend compte qu'il est un sosie de Benjamin Biolay, en plus de porter le même prénom.

Les titres se montrent tous en suivant une trame relativement identique. Un grosse boîte à rythme électronique offre en rythme massif et martial sur lequel se greffent une kyrielle d'orchestrations synthétiques, puis des grosses guitares compressées au maximum et enfin la voix aérienne et légèrement arrachée de Stanael.
La production est là, et elle est totalement réussie, car pleine de puissance et très bien mixée. Les parties de guitares typiquement industrielle comme les boîtes à rythme sont vraiment canons (pour l'époque en plus) et l'album jouit vraiment de cette qualité.

On s'évade vite avec cet opus, qui se révèle plein de détente, et plein d'apaisement, tout en étant rempli d'émotion. Une certaine tristesse se dégage de l'opus, et on prend plaisir à se plonger dans cet état d'esprit, très froid, mais aussi très contemplatif.

15.5/20

jeudi 15 mars 2012

Indochine : Le péril jaune







Elles sont bien loin, les années quatre-vingt, et la stupidité des chaînes de TV nous le rappelle en nous ressortant régulièrement une émission "nostalgie", destinée à ré-humidifier quelque peu les vulves des ménagères regrettant leur jeunesse enfouie sous des tonnes de produits d'entretien et d'appareils électroménager.

Parmi les symboles de cette adolescence des eighties, Indochine fait figure de mythe new-wave à la française (enfin, à la belge, plutôt...).
Au début de leur discographie, on observe le fulgurant succès de l'EP "L'aventurier", et son "tube" éponyme. Puis, par la suite, Indochine sortira "3", soit l'album du succès, avec les titres comme "Trois nuits par semaine", "Canary Bay", "3ème sexe" ou encore "Tes yeux noirs".

Finalement, "Le péril jaune", sorti en 1983, est bel et bien coincé entre les deux succès commerciaux d'Indochine, et si une cohorte de fans les suivaient bel et bien à l'époque, on notera que cet opus est le moins connu des débuts d'Indochine.
Point de succès radiophonique ici, excepté peut-être les deux titres "Miss Paramount" et "Kao Bang", cependant uniquement appréciés des "die-hard" du groupe.

Pourtant, sous-estimer cet opus serait une grave erreur, puisqu'on tient certainement ici, la meilleure pièce du groupe français. Si "3" reste un très bon opus de par son efficacité "tubesque" qui n'est plus à prouver, "Le péril jaune", malgré sa sortie antérieure, se veut presque plus osé.
L'album fait plus appel au rêve, au fantasme, ne serait-ce que par cet orientalisme, figé quelque part dans les colonies des années trente et totalement artificiel, mais furieusement réussi.

Outre les références orientales, on pense aussi au cinéma, avec des références à "Paramount", ou à "Razzia sur la schnouff". Orchestré de manière précise grâce à une ouverture, une interlude ("Tankin") et une fermeture, l'album s'articule de manière concise, comme un film, ou un roman finalement.

La sécheresse des boîtes à rythmes, la mécanique rythmique infernale part dès le début de l'album, avec "La sécheresse du Mékong", titre-synthèse du style de cet album. La dureté du rythme, et l'aspect aérien/planant des synthétiseurs et des guitares, volontairement réverbérée et remplie d'écho. 
Toujours dans le but de créer une ambiance, on notera "A l'est de Java", titre plus sobre de fermeture, "Razzia" instrumentalisé de manière à créer une ambiance de tripot rempli de fumée et d'argent pas toujours très propre, "Okinawa" plus posé, et "Pavillon Rouge" empli d'un aspect de contemplation de l'être cher (ou du coup d'un soir, à vous de voir...).

Bon, textuellement, on ne va pas aller dire que ça tient du chef d’œuvre. Les paroles sont parfois un peu niaises (mettons ça sur le compte de la jeunesse...), mais l'interprétation de Nicola Sirkis se veut pleine de conviction, malgré des accentuations sur les mots très (très) étranges.
De même, la production manque cruellement de pêche... (Indochine ferait peut-être mieux de pousser la sauce sur "Le péril jaune" plutôt que de ré-enregistrer le très moyen "Paradize" pour les dix ans de sa sortie. Encore que, mon expérience d'auditeur de Black Metal m'a appris à me méfier des ré-enregistrements en tout genre... Ceux qui sont ici pour le Black Metal me comprendront).
La production manque cruellement de pêche, donc, mais finalement vu l'époque, on ne peut que se dire qu'elle n'est pas handicapante pour apprécier cet opus, et c'est sûrement mieux comme ça.

Malgré ces quelques fautes, "Le péril jaune" reste l'album le plus marquant du groupe pour ma part. Véritablement prenant, on a ici un album qui nous fait voir les paysages d'Asie, et devant lequel on est comme un gosse perdu devant l'immensité.
Le grand frisson, en somme.

18/20


Patria : Hymns of victory and death



Si le brésil s'est déjà clairement fait un nom dans le Black Metal, avec des formations comme le preux Sarcofago et son album culte : "INRI", et tout les rejetons bien violents qu'il a enfanté, il faut bien dire que je n'attendais pas un groupe "do brazil" sur ce terrain.

La simple vue de la pochette annonce la couleur : la brume, les sapins, la grisaille... Ici tout sent fort la Scandinavie. Rien de bien chaleureux à l'horizon, et la première écoute que vous ferez, peut-être, sans savoir que Patria vient des chaudes contrées d'Amérique du Sud, ne trahira rien sur les origines du groupe.
Le livret fait le minimum, mais offre les paroles, et pour un premier opus, c'est clairement un bon point.

Le groupe sonne typiquement nordique, et on pourrait le résumer hâtivement à un Darkthrone-like. Sauf que je trouve dans Patria une dimension personnelle plus poussé qu'un simple constat du genre. Si, effectivement, les brésiliens s'inspirent des ténors norvégiens, comme le déjà cité Darkthrone, ou encore l'ancien Satyricon, on peut aussi observer une patte spécifique au groupe. Certains riffs sur "Old Blood Legacy" pouvant par exemple rappeler les latino-américains d'Inquisition.

Le fait est que ce court album est très prenant de par son aspect ritualise poussé. En effet, si l'on excepte les trois interludes/introductions/outro ambiantes, le groupe nous livre cinq titres de true-black. Le très direct, et très puissant titre éponyme, avec son break qui prend aux tripes, via un riffing simple, mais au combien efficace, comme le mid-tempo "Old Blood Legacy" sont des petites merveilles de noirceur.

Patria digère et recrache ses influences à la face du monde, et il le fait drôlement bien ! L'ambiance se veut morbide, et les hommes savent envoyer la purée quand il le faut avec des parties de guitares ritualistes comme le bon Black Metal sait nous en donner. On pourra appuyer ceci avec le milieu du titre "Unholy Cold Crypts" ou sur le riff de départ de "Third Circle" qui combien bien mélancolie palpable et haine propre au genre.

Visiblement habité de la plus profonde des sincérités, le chanteur (avec l'aide de quelques effets...) livre ses tripes, et pose un chant véritable linéaire dans la hargne. Il est à fond tout le temps, et pas une phrase ne semblera plus "posée" ou moins investie au cours de cet opus. Les musiciens se contente de faire mouche, sans chercher l'expérimentation technique, et c'est vraiment tant mieux. Qu'on se le dise le Black Metal n'a nul besoin de technique pour se révéler.
Néanmoins, Patria ne se veut pas non plus ultra-régressif, puisque que cet opus est servi par une production honnête et fort puissante, même si elle reste, comme elle se doit, crasseuse. Le nécessaire pour bien se plonger dans la musique du combo, en gros.

Le reste du monde a bien compris la qualité de ce groupe, puisqu'il se fera remarquer avec cet opus, et signera par la suite chez Drakkar Productions. Je ne peux que vous conseiller cet opus, pour un très bon moment de Black Metal, malheureusement un peu court, mais extrêmement intense.

15.5/20

lundi 12 mars 2012

Ascension : Consolamentum



Comme l'indique le nom de ce blog, je ne cache à personne mon amour de la scène orthodoxe, mes principes mystiques et théistes digne d'un bon fidèle de l'école Blut Aus Nord, et ma passion pour les capuches (ah ah !). Et si j'ai juré qu'en hommage au nom du blog, je chroniquerais "Orthodoxyn" d'Arkhon Infaustus, il ne sera pas le premier théiste dans ces pages, puisque les allemands d'Ascension lui raflent la place, avec leur premier opus : "Consolamentum".

Premièrement, les petits malins auront remarqués l'artwork signé Metastazis, et donc effectué par Valnoir, graphiste talentueux, et bassiste du groupe de Black Indus The CNK. Comme on a pu le voir sur d'autres groupes (Antaeus, Blut Aus Nord, Ulver, etc...), l'homme possède un style bien à lui, et effectue des travaux graphiques qui ont le mérite (que l'on aime ou que l'on déteste) d'attirer l’œil.

Un beau jour, l'amateur du graphisme Metastazis que je suis se promène dans un magasin généraliste d'habitude plutôt miteux (pourquoi j'y vais alors vous allez me dire, bah, parce qu'il faut bien s'occuper quand on a quatre heures de vide entre deux cours...). Dans cette nappe de mauvais goût accentuée par l'architecture tout droit sortie du plan de ville nancéien des années soixante-dix, cet artwork différent m'attire l’œil. L'album est a prix modique, et j'ai un peu peur de me faire avoir par une production peu reluisante, mais par goût du risque (ou par idiotie, inconscience, enfin, ce que vous voulez...), je tente le coup de l'achat à la Ray Charles.

Quelques temps après, je patiente dans ma voiture en attendant ma compagne, et je décide d'écouter le CD vu que j'ai quarante-cinq minutes approximatives à tuer. Quarante-cinq minutes approximatives qui seront certainement inoubliables. Dès l'introduction, le CD commence a prendre possession de moi, et le deuxième titre bien qu'assez brutal, me fait déjà sentir clairement que Satan sort de l'auto-radio.

Mais alors, que dire des émotions engrangées par les chefs d’œuvres suivants qui ponctuent la galette. Absorbé par cette aura qui arrive de nulle part, et comme un petit autiste dans ma Peugeot moisie, je suis à la limite dans la transe sur le parking d'un laboratoire médical. Il y clairement une force mystique imposante et inévitable dans cet opus. Les passages ambiants/mélodiques me font frissonner et la puissance des riffs rapides me glace le sang. La première fois, on en sort presque vidé de toute substance.

Pour un premier album, les allemands rivalisent sans aucun problème avec les fleurons du genre que sont Antaeus ou Funeral Mist.

Il y a absolument tout dans cet album. L'intensité, la dévotion, la possession, la progression, le monolithe, la pyramide, l’œil qui voit tout, la tentation, la secte, l'alpha et l'oméga, la chute, la spirale, la dé-personnification, Dieu, Satan,...
Tout, je vous dis !

Ascension tape dans le mille à chaque fois, cible les points de l'homme là ou ça fait mal, très mal, la ou on ne peut pas résister, la ou on est à leur merci.
Un concentré de mysticisme que l'on retrouve dans des paroles que l'on peut très vite scander en cœur. "Grant me light", véritable titre phare en est un bon exemple, avec ses paroles que l'on connaît très vite par cœur, et qui confèrent une puissance absolue à cette chanson.
De même "Angel of the burning sun" et son refrain "Lucifer - Lightbear, Lucifer - King Divine" qu'il est vraisemblablement impossible de ne pas hurler. 

Le chanteur, par ailleurs, possède une voix que l'on pourrait rapprocher de Mortuus de Funeral Mist, avec un timbre de gorge tout à fait puissant, possédé et singulier, et qui pousse à communier dans la grande messe noire avec lui.
A noter, les musiciens sont très techniques, chose que j'ai remarqué finalement assez tard, puisqu'il faut d'abord réussir à se détacher de la musique d'Ascension (et de son incommensurable force) pour daigner prendre un peu de recul, et croyez-moi, ça ne prend pas dix minutes...

Une drogue dure, voilà aussi, ce à quoi on pourrait comparer Ascension. Il y a risque non négligeable de ne pas décrocher de cet opus, et de bloquer dessus un sacré bout de temps (je ne suis, moi-même, pas vraiment guéri...).

En bref, les quatre teutons nous sortent un monstre d'une intensité rare. Un must-have dans la discothèque de n'importe quel fada de l'orthodoxe, voir de n'importe quel fan de Black Metal.

Pour l'anecdote, sachez que lorsque j'écoutais cet opus dans ma voiture, une amie a toqué sur la vitre, pour me saluer, côté passager.
Je n'ai rien vu, et rien entendu.

18/20


Iperyt : Particular Hatred (Ep)



Un beau jour de 2005, Abuser et People Hater, connus pour officier dans le groupe de Black/Death Bestial (ou "War", tout dépend comment on nomme les choses) Infernal War, décident de créer un side-projet avec des amis, nommé Iperyt, du nom du "Iperyt Siarkowy", soit le gaz moutarde, en polonais.

Avec ce genre d'antécédents, on pourrait se dire qu'Iperyt allait tout simplement former un nouveau groupe de Black/Death Bestial. Mais en fait non, et ce premier EP, sortir en 2005, vient pour faire parler la poudre, mais d'une manière plutôt surprenante...

Vous connaissez le Gabber (Angerfist) ? Le Speedcore (Manu le malin) ? Le Terrorcore (Dj Skinhead) ?
Iperyt peut se définir comme un cocktail de Hardtek ultra-violente couplée avec Revenge et Black Witchery.

En gros, Iperyt, a eu l'idée de mélanger deux des styles musicaux les plus violents du monde.

Dissipez tout de suite vos craintes, Iperyt n'est pas inécoutable, et si vous êtes adeptes du Black Indus, vous devriez vous y faire assez vite, voir avoir le coup de cœur absolu et immédiat.

Chacun des quatre titres de cet opus utilise une recette simple mais impressionnante de violence. Un beat-maker/Dj Technoïnomane et épileptique pose ses basses électroniques sur des riffs acérés de black/death. Un black/death maîtrisé et ultra-efficace.
La dessus, on rajoute le chant de People Hater, qui hurle des paroles avec une conviction plus qu'évidente.

Ne cherchez pas une quelconque poésie la dedans, les textes sont justes violents comme en témoigne cette citation : "Die bitch, die motherfucker, die dirty cunt, die die die !".
A l'image de la pochette, le groupe est sans concession, affiche armes à feu, terrorisme encagoulé et ultra-violence nucléaire.

Vous voulez que je vous dise, rarement j'aurais eu pareille jouissance à écouter une telle dose de violence. Iperyt, et c'est ce qui fait sa force, donne une envie irrésistible de tout casser. Pas de beauté ici, nada, peau d'balle mes enfants ! On secoue la tête, et on tape dans le mur avec un gros poing bien serré.
Un ressenti purement égoïste, haineux, et violent. Un défouloir donc, mais un défouloir avec un style relativement travaillé.
Iperyt détruit mes neurones, mon intelligence et ma conscience. Je deviens bêtement violent quand j'écoute ce CD, et j'adore ça... La catharsis la plus pure qui soit.

Si j'ai choisi de chroniquer l'EP, c'est parce qu'il pose les bases d'un style (déjà quelque peu posé par The Berzerker ceci dit) : le Black Industriel hyper-violent. Tout simplement. Alors il est clair que cet EP n'est pas la meilleure réalisation du groupe. Il suffit de se pencher sur les deux albums qui suivent cet EP : "Totalitarian Love Pulse" et le très bon "No State of Grace", pour voir que le groupe s'affine et évolue en affirmant son style.

Néanmoins, malgré des riffs moins efficaces que sur les albums, il est évident que l'essence d'Iperyt se forme sur "Particular Hatred". La puissance des basses et l'agressivité des guitares et du chant (cf : le morceau éponyme qui fait vibrer les rétroviseurs quand je l'écoute en voiture...).

Il fallait quand même oser, et Iperyt s'en tire avec les honneurs, et mes applaudissements...

14/20 (parce qu'il faut pas sur-noter, c'est pas bien, mais dans mon cœur, et pour le côté surprenant et novateur de la chose, ça vaut facilement 16/20).





samedi 10 mars 2012

Pavillon Rouge : Solmeth Pervitine





Pour cette première chronique, je m'attaque à un album relativement récent, puisque sorti l'année dernière.

Pavillon Rouge, c'est un combo français, originaire de Grenoble et formé en 2007. Après le très bon EP "Mizuage", sorti en 2008 ou Pavillon Rouge posait les bases de son concept (un black-indus aux aspects très clairement Blacklodgien couplé avec un aspect new-wave, principalement rallié à Indochine), les revoilà donc avec leur tout premier album.

Sur ce "Solmeth Pervitine", Pavillon Rouge se désaxe un peu de son son Black Indus hommage à Indochine, pour se plonger un peu plus dans l’électronique. En effet, les boîtes à rythmes sont beaucoup plus en avant, et beaucoup plus travaillées. Les constructions rythmiques sont très développées, et le groupe prend son pied en composant des rythmiques puissantes et surprenantes.

Surprenantes, certes mais toujours ancrées dans un aspect new-wave, bien que plus distillé, et plus en fond que sur l'EP. Les rythmiques binaires et mécaniques sont toujours présentes, comme les "claps", typiques de la trilogie Indochinoise mythique (enfin, pour moi) : "L'aventurier" -  "Le péril jaune" - "3", à laquelle on pourrait éventuellement rajouter "7000 danses".

Pavillon Rouge, est d'ailleurs, un titre d'Indochine, issu de l'album "Le péril jaune". Les références fourmillent, dans les titres avec certains mots "Kashmir", "Jade" voir dans les photos de "Mizuage", hommage criant à la bande belge.

Au titre des références, on notera aussi la reprise de Cinema Strange : "Sadist Sagittarius". Cinema Strange, pilier de la Batcave, se voit ici réinterprété dans une version dopée en puissance aux psychotropes, et augmentée d'un solo heavy totalement décalé, mais tout bonnement jouissif !

Au registre des changements, on pourra noter le changement du chanteur. Si l'EP était chanté par Ben de Sybreed, qui axait son chant sur le cri et sur des phases claires, encore une fois, très Indochine, il s'agit pour l'album de Kra, connu dans la sphère Black Metal, pour son ancien et excellent groupe Crystalium. Kra, livre ici un chant possédé, habité, arraché et rempli d'émotions.
Une vraie force en plus, même si Ben était convaincant. On pourra dire que Pavillon Rouge aura su changer de vocaliste au bon moment, Ben étant parfait pour un hommage à Indochine, et Kra étant parfait pour affirmer un peu plus la personnalité particulière et complexe du groupe.

Les textes, écrits en français (sauf pour la reprise de Cinema Strange, ça va de soi...), sont vraiment bien écrits, et malgré leur absence de la pochette, on les retient vite, on les comprend plutôt bien, et on se surprend même à les chantonner (dans une imitation de Kra plus ou moins réussie selon les cas...).De même, on observe des références de "culture générale" dans les titres des chansons, comme "Avesta" ou le livre sacré du Mazdéisme, religion de l'ancien moyen-orient, "XTC" ou le principe actif de l’ecstasy ou encore le titre de l'album "Solmeth Pervitine", soit un mélange entre le symbolisme solaire, et la Pervitine, dérivé des amphétamines.

La production est très précise, chose importante pour apprécier toutes les richesses de la musique de Pavillon Rouge, notamment dans la composition des guitares qui alternent grosses guitares compressées, et passages parfois plus clairs. Cas finalement assez rare, chaque riff est un monument d’efficacité, tout autant dans les phrases mélodiques, et les arpèges clairs que dans les riffs 100% Black Indus.
La production prend aussi le soin de glisser quelques samples : Des cris de jouissances, des dialogues enregistrés, ou des extraits de musique classique ou de poésie (cf : l'interlude "Des cimes, des abîmes").

Pavillon Rouge est un groupe complexe, et cet album est une acquisition fort intéressante, puisque cet opus possède un potentiel replay très important. On écoute, réécoute et réécoute encore cet album, qui pénètre en nous comme une drogue. Et aucune forme de lassitude et d'ennui n'apparaît dans les écoutes.

Pour le ressenti, on peut dire que Pavillon Rouge développe son propre monde. Une haine contrôlée, presque mécanique. Mais aussi une contemplation de la puissance, ou des passages qui me font hérisser le poil et ou on est totalement absorbés par la beauté des phrases mélodiques, empreintes d'une certaine tristesse, mais aussi d'une force émotive très puissante, et semblant incontrôlable pour notre cerveau. Le chant de Kra accentue ce côté émotif, et prend aux tripes de l'auditeur directement.
Si le CD peu sembler difficile à appréhender, il faut s'accrocher, et vous en serez bien récompenser.

Parmi les titres marquants (même si ils sont tous marquants...), signalons : "Sept siècles et le feu", "Évangile du Serpent", et "Avesta, le vent effacera tout", ainsi que la réécriture de "Cauchemar kashmir" ici renommé en "Le grand tout s'effondre".
Un très bon album, riche, prenant et novateur et assurément un de mes coup de cœur de 2011.

18/20



Flesh Ov Satan : l'homme et la bête

Ave,

Flesh Ov Satan : 21ans.

Le but de ce blog est tout simplement de chroniquer des choses qui ne sont pas forcément décrites ailleurs, de partager mes coups de cœurs, mes albums cultes, et d'ouvrir une discussion avec d'autres passionnés de musique.
De même si je peux aider ne serait-ce qu'une personne à découvrir un album, ou ne serait-ce qu'un avis sur cet album, j'estime que je n'aurais pas fait ça pour rien.

Ce blog est destiné en premier lieu à la chronique musicale, mais je ne m'interdis pas la chronique cinéma, littéraire ou autre.
De même, je ne m'interdis pas les articles liés à la société ou les coups de gueules personnels. En fait, je ne m'interdis rien, tout simplement.
Les réactions sont les bienvenues, évidemment !

Au niveau des styles musicaux, je suis avant tout un fan de Black Metal, et surtout des branches orthodoxes, industrielles et "true", ceci dit, il m'arrive d'écouter beaucoup de choses, comme du rap, de l'électronique, du classique, du rock...
Ainsi ne soyez pas étonnés si vous voyez apparaître une chronique de Camille Saint-Saëns.

Par ailleurs, je suis aussi membre fondateur d'un forum axé sur le Metal Extrême. Si vous tombez sur ce blog par hasard, n'hésitez pas à vous inscrire ici :

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Je ne pense pas que vous ayez besoin d'en savoir plus sur moi, mais je reste bien sur ouvert à vos questions, remarques, commentaires...

AMSG.